Essai de la CFMoto 450MT au paradis des motards de Gran Canaria

Gran Canaria est située au large des côtes marocaines et séduit par ses paysages variés, ses températures douces et ses routes incroyablement fantastiques pour la moto. On ne l'appelle pas "le petit continent" pour rien, car selon la région de l'île, on traverse des déserts de rocailles arides, des prairies verdoyantes, des vallées couvertes de cactus, des ravins escarpés et même des forêts de conifères fraîches. Bien que les Canaries soient géographiquement en Afrique, en tant que partie de l'Espagne, elles bénéficient d'une monnaie et d'une infrastructure au niveau européen. Nous avons profité de Gran Canaria pour une escapade hivernale précoce au début de la saison 2025 et avons pu tester quelques motos passionnantes, comme la BMW R 1300 GS Adventure, la Moto Guzzi Stelvio ou la Yamaha Tracer 9 GT+, dans un environnement spectaculaire et exigeant.

Notre point de départ pour ce voyage était Las Palmas de Gran Canaria, où nous avons loué des motos chez Canary Ride. Le loueur propose dans ses deux agences à Gran Canaria et à Tenerife une sélection impressionnante de plus de 70 motos. Celle-ci va des grandes machines, comme la toute nouvelle BMW R 1300 GS Adventure, aux motos plus petites et maniables, comme la Ducati Scrambler ou la Honda CL 500. Au cours de notre semaine de road trip, nous avons essayé différentes motos et pour le dernier jour, nous avons opté pour un mélange intéressant : en plus de la BMW R 1300 GS ADV et de la Moto Guzzi Stelvio, nous avons choisi la CFMoto 450MT. Pourquoi ce choix ?

Gran Canaria est célèbre pour ses paysages escarpés, ses routes sinueuses et ses passages étroits. Souvent, les routes ne sont qu'à une seule voie ou à peine à deux voies, avec une qualité de surface parfois médiocre et des virages difficiles à appréhender. En haute saison, cela est aggravé par de nombreux véhicules touristiques qui apparaissent fréquemment au milieu de la chaussée. Dans ce terrain exigeant, le choix d'une moto plus légère s'avère payant. Avec une machine agile et de faible cylindrée, il est nettement plus facile de se faufiler à travers les routes étroites, de rester en toute sécurité sur sa propre voie et de réagir rapidement dans des situations critiques. Faire demi-tour sur les routes de montagne escarpées de Gran Canaria devient également beaucoup moins éprouvant avec une moto plus légère.

La CFMoto 450MT est une enduro de voyage légère, pesant 196,5 kg lors de notre test. Avec un peu plus de 40 ch, elle offre un compromis équilibré entre agilité et confort, particulièrement bénéfique sur de longues distances. Bien sûr, il existe des motos plus légères, notamment dans d'autres segments, mais la 450MT reste une véritable enduro de voyage — un atout majeur pour le confort sur les longs trajets ou pour le montage des sacoches. Contrairement aux petits roadsters, la CFMoto 450MT permet d'emporter des bagages tout en conservant une agilité très utile dans le terrain montagneux de Gran Canaria.

Avant de nous lancer sur les routes sinueuses de Gran Canaria, il convient de réussir l'approche. Notre point de départ — et le site de Canary Ride — se situe dans la capitale de l'île, Las Palmas. De là, l'itinéraire commence par un trafic urbain dense, suivi d'un court passage sur l'autoroute en direction des montagnes. Bien que Gran Canaria, la troisième plus grande île des Canaries, soit suffisamment modeste pour explorer toutes ses régions en une excursion d'une journée, sa topographie offre néanmoins une grande diversité. Une autoroute longe presque toute la côte, tandis qu'à l'intérieur de l'île, des routes sinueuses mènent progressivement vers des régions plus élevées de l'île.

La CFMoto 450MT s'est révélée être une moto très accessible dès le trajet d'approche. Avec une hauteur de selle de 800 mm, elle est relativement basse pour une enduro de voyage, ce qui est particulièrement avantageux pour les pilotes de petite taille. Sa géométrie typique d'enduro de voyage avec une haute partie avant lui donne une allure mature, et la bulle réglable peut être ajustée même en roulant pour optimiser la protection contre le vent. Le réservoir de carburant de 17,5 litres offre une autonomie suffisante pour atteindre tous les objectifs sur Gran Canaria sans ravitaillement. Pour notre tour, Canary Ride a équipé la moto d’un top-case pratique, permettant d'emporter facilement des bagages. La première étape, jusqu'aux routes sinueuses dans les montagnes, a duré environ 45 minutes - un trajet agréable et sans encombre. Mais le véritable caractère de la CFMoto 450MT ne s'est révélé que lorsque nous avons atteint les routes sinueuses de l'intérieur de l'île...

Après l'autoroute, commence ce pour quoi Gran Canaria est célèbre : un véritable paradis pour les amateurs de virages. On plonge immédiatement dans les innombrables méandres qui façonnent l'île. Les virages, parfois extrêmement serrés, offrent souvent un revêtement quasi-piste, invitant à glisser agilement en prenant de l'angle. Dans les régions les plus élevées, le bitume devient parfois plus rugueux en raison du gel et des intempéries, mais la plupart des routes sont en excellent état — parfait pour savourer le plaisir de conduite. La CFMoto 450MT a démontré ici tout son potentiel en matière de comportement routier.

La CFMoto nécessite initialement un peu plus d'effort sur son large guidon pour mettre la grande roue avant de 21 pouces en inclinaison. Cependant, une fois le léger basculement dans les virages effectué, elle reste toujours stable. Les longs débattements de suspension de 200 mm à l'avant et à l'arrière assurent un confort appréciable, absorbent les irrégularités et ne sont pas perturbés même avec une conduite sportive. Pour obtenir encore plus de stabilité, nous avons réglé le châssis ajustable sur une position plus dure, ce qui s'est révélé être un net avantage à des vitesses plus élevées et en virage. Cependant, une faiblesse majeure de cette enduro de voyage chinoise se révèle aussi dans les courbes serrées.

Le cœur de la CFMoto 450MT est un moteur bicylindre de 449,5 cm³. Il développe 42 ch à 8500 tr/min et délivre un couple maximal de 42 Nm à 6500 tr/min. Contrairement à de nombreuses motos de cette cylindrée, qui optent pour un monocylindre, le moteur bicylindre de la CFMoto offre un régime plus élevé. Il exige des tours dès qu'on souhaite adopter une conduite plus sportive : il faut déjà être entre 6000 et 7000 tr/min, surtout lorsqu'on tente, comme moi, de suivre des machines plus puissantes. Cependant, grâce à une distribution de puissance prévisible et à de faibles vibrations, le moteur se comporte bien même à des régimes plus élevés. Le problème ne se situe pas ici.

L'une des plus grandes faiblesses du moteur se manifeste particulièrement dans des situations de conduite plus exigeantes. La réponse du moteur lors de l'ouverture initiale des gaz est extrêmement brusque. Ce problème survient fréquemment au point culminant des virages serrés ou des épingles à cheveux, où l'on circule à bas régime et souhaite accélérer précisément en sortie de phase de décélération. Même avec une manipulation experte de la poignée de gaz, il est difficile d'éviter le soubresaut. Ce sursaut peut avoir des conséquences négatives dans des moments critiques, par exemple en cas de trafic venant en sens inverse ou lorsque la route est particulièrement étroite et exigeante. Une montée en puissance soudaine, au mauvais moment, peut perturber la ligne de conduite et provoquer un écart au-delà du virage. Avec l'aide de l'embrayage facile à manier et d'une conduite anticipative, ce problème peut être quelque peu atténué. Cependant, les réactions abruptes lors de changements de charge constants lors des plus de 1000 virages parcourus lors de la journée de conduite à Gran Canaria deviennent rapidement assez gênantes. Ce point est loin d'être anodin et doit être optimisé de toute urgence dans les prochaines éditions du modèle.

Un autre sujet controversé est le son du moteur. Il est tout d'abord impressionnant qu'avec sa petite cylindrée, le moteur produise un son mature et presque agressif, et cela avec un échappement de série. Pour les amateurs d'un son sportif, cela peut être un atout, mais le niveau sonore constant est une question de goût. Même à bas régime, le son reste fort et pénétrant. Ceux qui préfèrent profiter d'un moteur silencieux lors d'une conduite tranquille, et n'entendre plus de son qu'à des régimes plus élevés, pourraient être dérangés sur le long terme par ce niveau de bruit élevé.

En dehors de ces points de critique, il y a aussi du positif à signaler, notamment dans l'interaction entre la boîte de vitesses et l'embrayage. La boîte de vitesses se manœuvre sans problème et avec précision, avec ou sans embrayage. L'embrayage assisté est particulièrement facile à manipuler et permet un maniement détendu, même dans des situations de conduite exigeantes.

Notre parcours nous a menés de plus en plus haut, jusqu'aux Picos de las Nieves — les "sommets enneigés". Bien que le nom soit quelque peu trompeur, car il neige rarement ici, nous nous trouvons à près de 2000 mètres d'altitude. Cette élévation offre non seulement des vues spectaculaires, mais aussi des différences climatiques sensibles. Une règle d'or à retenir : pour chaque différence de 100 mètres d'altitude, la température diminue d'environ 1 degré Celsius. Cela signifie qu'à Gran Canaria, on peut passer rapidement de températures estivales de bien plus de 20 degrés sur la côte à une atmosphère montagnarde fraîche avec des chiffres à un seul chiffre.

Pour les motards, c'est un facteur crucial à prendre en compte lors de la planification de l'équipement. Cette année, nous avons fait confiance aux produits IXS, qui ont fait du système multicouches le cœur de leur philosophie à partir de 2025. Tous les matériaux sont extensibles et, selon les besoins, différentes couches peuvent être enfilées ou retirées rapidement. Ce concept s'est avéré parfait pour les températures changeantes de Gran Canaria. Grâce aux couches polyvalentes, nous avons pu nous adapter aux conditions de manière flexible : des 30 degrés chauds sur la côte aux 5 degrés dans les hauteurs, nous étions toujours bien équipés.

Ceux qui gravissent les hauteurs de Gran Canaria doivent s'attendre à redescendre tout aussi souvent. L'île est traversée par un réseau de ravins et de massifs montagneux qui semblent s'emboîter entre eux. Cela entraîne un enchaînement presque constant de montées et de descentes, souvent avec des passages extrêmement raides, encore plus exigeants que les cols alpins — une particularité rendue possible par l'absence de neige et de glace. Ces conditions nécessitent une moto offrant sécurité et contrôle en montée comme en descente. La CFMoto 450MT gère cela de manière générale plutôt bien, mais révèle également des faiblesses, notamment pour les pilotes plus grands et en termes de performance de freinage.

La position de conduite de la CFMoto est globalement détendue, et la selle offre un bon confort avec son creux agréable. Cependant, les pilotes plus grands peuvent rencontrer des limites : à 1,85 m, mes genoux heurtent souvent la partie plus large du réservoir en descente et ne rentrent plus dans les découpes prévues sur le côté. Pour éviter cela, je dois reculer, ce qui m’éloigne sensiblement de l’avant et rend mes bras presque droits vers le guidon. Ces compromis ergonomiques sont particulièrement perceptibles lors de descentes prolongées et peuvent devenir quelque peu inconfortables à long terme pour les pilotes de plus de 1,85 mètre.

En descente, le frein avant de la CFMoto se remarque — et pas forcément de manière positive. Il semble être conçu pour le tout-terrain, ce qui se traduit par une sensation de levier douce et un point de pression plutôt flou. Bien que le freinage soit dosable, sur des routes sinueuses avec de fortes pentes, on pourrait souhaiter plus de puissance de freinage et un retour d'information plus précis. En revanche, le frein arrière est convaincant : bien qu'il soit positionné un peu haut et que le pied doive être légèrement levé, il offre un ralentissement puissant et bien dosé. Sa force compense les faiblesses du frein avant, assurant ainsi une performance de freinage globale solide pour la CFMoto 450MT — à condition de combiner l'utilisation du frein avant et du frein arrière.

Après environ 250 kilomètres de virages et de dénivelés, notre journée de tour à Gran Canaria se termine. Bien que la CFMoto 450MT ait révélé certaines faiblesses au cours de la journée, le plaisir de conduite reste globalement formidable. Avec son comportement routier solide, son ergonomie agréable ainsi que son confort et son aptitude aux longues distances, elle est un compagnon fiable — et elle procure également du plaisir dans les virages serrés. Le principal facteur perturbateur est la réaction inévitable aux changements de charge lors de l'accélération dans les virages et épingles serrés. Le rugissement constant du silencieux final est également un point négatif à mon avis, bien que cela relève peut-être des préférences personnelles. Avec le temps, on s'habitue à ces particularités, et le paysage époustouflant de Gran Canaria compense largement ces inconvénients.

Que ce soit le Roque Nublo, l’emblème de l'île, brillant sous le soleil, ou les parois rocheuses abruptes de la vallée des Larmes au centre de l'île avec leur beauté brute et spectaculaire — Gran Canaria offre un nombre incroyable de coins fabuleux, de vues et de parcours sur un espace relativement restreint. Parmi les nombreuses routes numérotées de Gran Canaria, nous avons trouvé la GC-65, une route fantastique avec des courbes fluides et un asphalte digne d’un circuit, la GC-130, qui offre de magnifiques panoramas et des virages amusants, et l’emblématique GC-210 à travers la vallée des Larmes, d’où se sépare la GC-606, plus rugueuse mais à couper le souffle, comme particulièrement recommandables.

Le mélange spectaculaire de plaisir de conduite, de paysages impressionnants et de routes palpitantes fait de Gran Canaria un véritable paradis pour les motards. Nous avons enregistré nos itinéraires avec Calimoto, et vous pouvez les suivre facilement grâce aux liens suivants :

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